LES GUINGUETTES DE VAUGIRARD
(Jacques Couvreur/Bulletin n°22 )
Guinguettes, ''le nom qu'on donne aux cabarets des environs de Paris où le peuple va boire et se réjouir les jours de fête'' et qui est apparu dans le langage écrit en 1704 (Littré). Il est dérivé du terme guinguet qui désignait jadis un "petit vin" de qualité médiocre produit les mauvaises années.
Pendant près de trois siècles les guinguettes ont contribué au développement économique et à la réputation de Vaugirard. Leur implantation et leur essor ont été favorisés par la culture locale de la vigne, 52 % de la surface cultivée au XVIIIesiècle, l'existence d'un périmètre fiscal autour de Paris où les taxes étaient beaucoup plus élevées intramuros, l'encouragement de l'administration (Colbert) qui y trouvait une source de bon profit. Dès 1717 on comptait 27 cabarets pour 97 feux. Le Petit More était le plus anciennement connu. Ils étaient installés dans tout le village mais se sont multipliés au voisinage de l'octroi dont ils ont suivi les évolutions du tracé jusque, en définitive, à celui du mur des fermiers généraux. Bon nombres furent célèbres tels le Grand Salon ou Le Soleil d'Or, le seul qui nous ait laissé des vestiges appréciables. Des témoignages d'époque rendent compte de l'afflux des visiteurs qui venaient en foule y boire, danser et se distraire.
Les guinguettes n'ont cependant pas eu que des aspects positifs. Elles ont entrainé une surproduction viticole avec l'abandon de cépages au produit prestigieux comme les morillons au profit de plants plus productifs mais médiocres comme le gouais. Elles ont favorisé l'intempérance, notamment lorsque l'arrondissement s'est peuplé de travailleurs pauvres, l'insécurité et en définitive la déclin de la production viticole victime par ailleurs en Île de France, de l'industrialisation, de l'urbanisation, de l'annexion de 1860 et des facilités de transport ferroviaire.