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Le Front de Seine

 

 

Dans les années d'après-guerre, de vastes emprises foncières se libèrent progressivement avec la fermeture ou la délocalisation des industries historiquement implantées à Grenelle, et l'idée fait son chemin d'une rénovation globale et radicale du quartier. L'opération sera portée par le contexte économique favorable des Trente Glorieuses, une volonté politique au plus haut niveau, et l'affirmation d'une génération d'urbanistes formés aux idées modernistes, au premier rang desquels Henri Lopez et Michel Holley, qui sont chargés dès la fin des années cinquante de la conception du projet Front de Seine.

 

Un "urbanisme vertical"

 

Reprenant les principes de séparation spatiale des fonctions urbaines théorisés avant-guerre par la Charte d'Athènes, mais en les transposant selon un axe vertical, le projet superpose trois strates d’activités (Michel Holley) : une première vouée à l'automobile (circulation et stationnement) ; six mètres en surplomb, une vaste dalle réservée aux activités économiques (bureaux, commerces) et aux déplacements piétons ; en hauteur, une vingtaine de tours, majoritairement d'habitation. Pour élargir l'espace sur dalle, la base des tours sera fortement resserrée, ces "tailles de guêpe" devenant la signature architecturale du Front de Seine. L'ancien quartier est progressivement démoli dans les années soixante et les premières tours sont livrées en 1970 (ci-dessus, la tour Évasion 2000 avant la dalle).

 

Les limites d'un modèle

 

Le milieu des années soixante-dix marquera cependant un tournant, tant sur le plan économique (choc pétrolier) que dans l'approche politique de ce que doit être le futur des villes. Le prolongement envisagé de la dalle jusqu'à l'aplomb de la Seine est abandonné, comme l'est le Plan autoroutier pour Paris, qui prévoyait sous la dalle un véritable échangeur de voies rapides (ci-dessus). L'aspect "jeu de quilles" (ci-dessous), dû à la hauteur uniforme des tours (100 m) et la banalité architecturale des premières tours sorties de terre seront bientôt critiqués, tout comme le fonctionnement de la dalle, où les commerces prévus manquent à l'appel et qui se révèle peu hospitalière aux piétons. Les interactions sociales et la vie de quartier sont quant à elles limitées par le prix élevé du m², qui attire davantage les investisseurs que les familles.

 

Un renouveau pragmatique

 

Sur ce constat, les partenaires de la SEM gestionnaire (SEMEA XV, devenue SemParisSeine), entament au début des années 2000 une rénovation du Front de Seine. Le centre commercial, partiellement en déshérence, est détruit et remplacé en 2013 par un nouveau centre de prestige qui rencontre rapidement son public (ci-dessus). Quant à la dalle (ci-contre, Perspective 2 et Espace 2000), une concertation auprès des riverains amène un train d'améliorations : étanchéité, végétalisation, éclairage, cheminements, signalétique, accès… De nouvelles activités s'y installent, notamment plusieurs établissements d'enseignement supérieur.

 

Le Front de Seine, conçu comme un manifeste de la vision "moderniste" du siècle dernier, se tourne de nouveau vers l'avenir…

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