
Le lotissement de Grenelle - II -
La mise en valeur des terrains
Afin de rendre le village plus attrayant, Violet s’associe aux banquiers Perrée et Guillot pour fonder, en 1826, une société pour la mise en valeur des terrains, qui permettra de paver les rues et de créer une église, un marché et un théâtre. En septembre 1827, la première pierre de l'église Saint-Jean-Baptiste, (un des prénoms de Violet), sera posée solennellement. L'église, terminée en 1829 (Henri Bontat, arch.) ne fit pas l’unanimité : « Construction gracieuse quoique simple, avec un clocher gothique qui s’intègre mal dans l’ensemble. » (J. Delacour) ; « un clocher pour lequel on a peut-être dépensé trop d‘argent. » (L.Gaudreau). Elle fut inaugurée par la duchesse d’Angoulême et sa nièce Mademoiselle, dont une rue du quartier portera le nom. Le marché était à l’emplacement de la rue Gramme. L’année 1827 verra la construction d’un théâtre, 55 rue de la Croix-Nivert. Il allait être au centre d’une querelle dont l’un des enjeux était le droit des pauvres, (prélèvement automatique de 10% des recettes au profit du bureau de bienfaisance). Cette querelle dura deux ans et aboutira à la séparation des communes de Grenelle et de Vaugirard. Dans la zone proche de la Seine, Violet avait prévu l’installation d’usines. Il constitua une société pour financer les infrastructures indispensables. Un pont (de Grenelle) sera ouvert en 1827, ainsi qu’une gare fluviale en 1828, isolée du fleuve par une digue artificielle, l’allée des Cygnes (plan ci-dessous, par Neveu). Le port entrera en fonction en 1832.
De la commune de Grenelle à l’annexion
En vue de la séparation, il fallut fixer la limite entre les deux communes, et en particulier la destinée du théâtre et du cimetière. Reprenant le projet des banquiers Perrée et Guillot, le Conseil d'État proposa un découpage assez complexe qui incluait dans la future commune une bonne partie des terrains appartenant à la société du lotissement, y compris le théâtre, et laissait le cimetière à Vaugirard. Une ordonnance préparée par Guizot, ministre de l’Intérieur, et signée par le nouveau roi, Louis-Philippe, le 22 octobre 1830, entérina la décision. À la tête de la nouvelle mairie, le préfet Odilon Barrot désigna Louis-Auguste Juge, et François-Joseph Gay (adjoint au maire), deux personnalités qui n’avaient pas adopté une position très agressive à l’égard des conseillers de Vaugirard. Jean Léonard Violet se contenta d’un siège au Conseil municipal, qu’il gardera jusqu’à l’annexion de 1860. Le rattachement à Paris, auquel Vaugirard et Grenelle n’étaient pas favorables, réunira à nouveau les deux communes pour former le XVème arrondissement. Grenelle n’aura donc été indépendante que pendant trente ans !