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Madame l’Adjointe au Maire de Paris,

Monsieur le Maire du XVème arrondissement,

Mesdames, Messieurs,

Je rappellerai brièvement quelques lieux du XVème arrondissement qui évoquent la Première guerre mondiale.

La guerre, ce fut bien sûr d’abord le Front : plus de 95 000 Parisiens y ont perdu la vie.

Ici comme ailleurs, les familles furent douloureusement frappées, parfois plusieurs jeunes hommes fauchés à la fleur de l’âge dans une même famille.

Deux endroits du XVème nous le rappellent. Certes il s’agit de noms célèbres, mais tous les milieux furent concernés.

Ainsi, on peut voir au cimetière de Vaugirard, deux tombes où reposent le Président de la République Paul Doumer et trois de ses fils, morts pour la France : André, lieutenant d’artillerie, mort en 1914 ; René et Marcel, qui seront tués en combat aérien en 1917 et 1918.

Autre souvenir : dix ans après l’inauguration de la stature de Garibaldi, place Cambronne, un médaillon fut apposé sur le piédestal en 1917. Il représente ses deux petits-fils, engagés aux côtés de la France, qui trouvèrent la mort lors de la bataille de l’Argonne à quelques jours de distance, en décembre 1914 et janvier 1915.

A l'Arrière - comme on disait à l’époque - on soignait les blessés rapatriés du Front. Les cinq hôpitaux civils de l’arrondissement furent réquisitionnés et de nombreux établissements d’enseignement et institutions religieuses transformés en hôpitaux militaires comme le lycée Buffon, l’école Bréguet ou la clinique Blomet.

En 1917, l’ancien Collège des Jésuites du 391 rue de Vaugirard fut aménagé en hôpital - futur hôpital de Vaugirard - avec le soutien d’une fondation franco-brésilienne. Une plaque le rappelle dans le jardin attenant aux locaux universitaires de Panthéon-Assas.

C’est dans ce vaste mouvement d’initiative publique ou privée que s’inscrit la création de l’hôpital-école d’infirmières dont nous commémorons aujourd’hui l’inauguration au 62 rue Desnouttes.

Souvenons-nous aussi de la participation des ouvrières d'usines à la défense nationale, et en particulier des ouvrières de l’usine Citroën de Javel, les munitionnettes, qui ont suppléé dans des conditions difficiles les hommes mobilisés sur le Front. Au total, 24 millions d’obus de 75mm seront produits par cette usine spécialement créée pour les besoins de la guerre. Une plaque, apposée sur le collège André Citroën, rue Balard, leur rend hommage.

Les bombardements de 1918 furent particulièrement meurtriers, en raison de l’utilisation par les Allemands de la légendaire « Grosse Bertha ». C’est ainsi que les Parisiens appelaient ce canon à longue portée stationné près de Laon. Une vingtaine de sites du XVème furent touchés, faisant 41 morts et 182 blessés.

Enfin, nous voici au jour glorieux de l'Armistice, le 11 novembre 1918 ; une petite foule joyeuse acclame le Maréchal Foch, lorsqu’il arrive pour déjeuner à son domicile du 52 avenue de Saxe. Une plaque rappelle qu’il habita cet immeuble.

Pour terminer, je vous propose de nous transporter par la pensée place de la Mairie, afin de contempler le monument aux morts du XVème arrondissement. Nous avons, en effet, le privilège d’avoir l’un des monuments aux morts parisiens les plus imposants par ses dimensions. Il est aussi, l’un des plus originaux. Loin des symboles habituels, la réalité tragique de la guerre parcourt ici les siècles : le sculpteur, Charles Yrondy, a représenté, au centre du monument, un Combattant, bras ouverts, dans une attitude de défense et de sacrifice. A droite, une femme et son enfant évoquent le deuil de la veuve et de l’orphelin. Sur la partie gauche défilent des figures historiques personnifiant la patrie en danger : Louis XIV et le maréchal de Villars rappellent la bataille de Denain, qui fut décisive face aux coalisés austro-hollandais, tandis que les Conventionnels Danton et Vergniaud et des soldats de la Révolution évoquent Valmy.

Bref, au-delà des régimes, qu’ils soient monarchique ou républicain, cette émouvante sculpture illustre et résume ce qui rassemble les générations, morts et vivants : la France éternelle

 

François de Béru

Société historique du XVème

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